vendredi 9 février 2018

Le restaurant de l'amour retrouvé.

Une jeune femme de vingt-cinq ans perd la voix à la suite d’un chagrin d’amour, revient malgré elle chez sa mère, figure fantasque vivant avec un cochon apprivoisé, et découvre ses dons insoupçonnés dans l’art de rendre les gens heureux en cuisinant pour eux des plats médités et préparés comme une prière.
Rinco cueille des grenades juchée sur un arbre, visite un champ de navets enfouis sous la neige, et invente pour ses convives des plats uniques qui se préparent et se dégustent dans la lenteur en réveillant leurs émotions enfouies.
Un livre lumineux sur le partage et le don, à savourer comme la cuisine de la jeune Rinco, dont l’épice secrète est l’amour. 









Je ne sais pas quoi dire. Non pas que je n'ai pas aimé. Je ne sais pas quoi dire parce que c'est beau, c'est lumineux, c'est plein de grâce, de bonté, de beauté et il faut vraiment que je cesse de donner des adjectifs qualificatifs sinon je vais utiliser tout le dictionnaire.

"Les souvenirs les plus chers, je les range bien à l’abri dans mon coeur, et je ferme la porte à clé. Pour que personne ne me les vole. Pour les empêcher de se faner à la lumière du soleil. Pour éviter que les intempéries les abîment". 

La lecture de ce bouquin fut un moment teinté de douceur dans un monde qui ne tourne plus rond. Tout comme Rinco qui cuisine lentement et avec amour, j'ai lu ce roman avec lenteur et amour aussi. Je l'avoue. Cette histoire est une histoire que l'on lit morceau part morceau tout comme on savoure un met délicieux ou un thé blanc aux arômes délicats. On lit cette histoire comme on regarde un escargot passer devant soi. Avec conscience et présence, Ce sont encore deux adjectifs que je vais ajouter pour parler du livre, enfin de son contenu même si l'image symbolique est aussi jolie que le contenu. 

"L’amour n’a pas besoin d’artifices, alors j’ai simplement ajouté une pincée de sel". 

On y retrouve des ingrédients qui font que le livre prend, il cuit petit à petit, comme du riz à la vapeur, il cuit avec conscience. Le personnage de Rinco est particulièrement attachant, car elle représente la bienveillance, faire les choses avec amour pour les autres. Les notions de simplicité font que cela marche, tout est fait avec conscience, la magie est là, dans la sensation, dans les saveurs, les odeurs, l'amour prend différentes formes et au fond tout cet amour transforme les autres. C'est beau, cela pourrait être perçu comme complètement bisounours ou naïf pour ceux qui sont blasés, mais ce livre a quelque chose de magique. Peut-être que tout cela se passe dans la coquille de l'escargot. Le bonheur est dans les petites choses, et l'émerveillement est en soi.

"Il me suffisait de sentir une odeur proche de celle des épices qui imprégnaient sa peau pour que, comme le chien de Pavlov, les larmes me montent aux yeux".

La cuisine sert de thérapie, elle se soigne elle-même et en se soignant elle-même Rinko soigne les maux des autres, l'amour perdu, l'amour retrouvé, l'amour inconnu. L'amour qui fut, qui revient et qui prend différentes formes comme l'affection pour sa grand-mère dont l'héritage ajoute à ces petits doigts de fée culinaire, une pincée de sel. L'ensemble du livre se lit comme une partition musicale qui éveillera les sentiments et fera fondre la glace. Un livre où la mélodie s'entend à travers les mots. 

"Quoique nous fassions, rien ne peut abolir le sentiment d'impuissance qui nous assaille quand la personne que nous aimons a décidé de partir".
 

J'ai passé un moment plein d'allégresse à la lecture de ce livre qui est pour moi, un des livres qui m'aura le plus marqué. Rinco de part la main de Ito Ogawa sera parvenue à mettre un peu de sel et des saveurs en m'offrant un met raffiné. Le met fut si raffiné qu'il me sera difficile de l'oublier.





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